🪙 Un actif numérique pour Casino
Le meilleur de la tech Semaine 11 - 2021
Bienvenue sur le Brief Tech #11 !
Toute la semaine, je parcours les Internets et lis de nombreuses newsletters pour vous dénicher les histoires les plus intéressantes/effrayantes/amusantes/intrigantes et les synthétiser chaque dimanche
Annonce fracassante mercredi de la part d'un groupe que je ne croyais pas aussi innovant : le groupe Casino se lance dans les cryptomonnaies. Ce n'est pas un achat de Bitcoin comme Tesla, mais un projet bien plus ambitieux : la création d'un stablecoin, adossé à l'euro. Pourquoi c'est important ? Qu'est-ce qu'un stablecoin ? On en parle après le Brief de la semaine !
En Brief / Le Focus / Liens
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Politique. La Chine va proposer une loi pour interdire les cryptomonnaies, que ce soit le minage, l'échange ou juste la possession.
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Réalité Virtuelle. Facebook travaille depuis des années sur le futur des relations humaines, qu'elles soient personnelles ou professionnelles. L'entreprise a présenté une interface basée sur des bracelets qui utilisent l'électromyographie (= signal des nerfs et muscles).
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Bourse/Protection des animaux. Des investisseurs du sous-forum Reddit /WSB (souvenez-vous, l'explosion de l'action GME expliquée dans le Brief Tech #) ont adopté 3.500 gorilles en 6 jours, soit 350.000 $ de dons pour l'association Dian Fossey Gorilla Fund International.
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Encyclopédie. 13ᵉ site le plus visité du monde, Wikipedia se repose sur les dons pour exister. La fondation qui s'en occupe souhaite que les entreprises qui affichent ses données (Google par exemple dans ses résultats de recherches) la rémunère.
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Cryptomonnaie. Cette semaine avait en France lieu la première vente aux enchères de Bitcoin (saisis dans une affaire de cybercriminalité). Le premier lot a été vendu à 5x son cours, ce qui n'a aucun sens, mais qui suis-je pour juger ?
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Éducation. Google va lancer des programmes de certification en ligne pour subvenir au manque de main d'œuvre qualifiée sur la gestion de projet, l'analyse de données et l'expérience utilisateur (UX). Pour un cursus de 6 mois, le prix sera de 240 $.
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Grossesse. Des chercheurs du Weizmann Institute of Science ont réussi à faire grandir des embryons de souris dans un uterus artificiel. Le but est de comprendre comment des mutations génétiques et l'environnement affectent l'évolution d'un embryon. Enfin... Coucou Matrix quand même.
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En Brief / Le Focus / Liens
✴️ Le Focus : Un actif numérique adossé à l'euro pour le groupe Casino
Situation : le groupe Casino (Monoprix, Géant Casino, Leader Price, Naturalia, Cdiscount...) planche sur la création d'un actif numérique, au petit nom de Lugh. 1 Lugh = 1 euro (et donc 0,5 Lugh = 0,5 euros etc...). C'est ce qu'on appelle un stablecoin : chaque actif est adossé à une réserve correspondante en euro. Ici, c'est un compte à la Société Générale qui assurera la réserve en euro, et celle-ci sera auditée par le cabinet PwC. Cet adossement à l'euro permet d'assurer que la valeur du Lugh ne changera pas au cours du temps, au contraire d'actifs numériques comme le bien connu Bitcoin, qui a un prix variant au fil de la demande (plus il y en a, plus son prix monte).
Ce type d'actif possède les avantages d'un actif digital sur la blockchain (rapidité des paiements et transferts, disponible h24 et 7 jours sur 7, traçabilité de toutes les transactions) sans la volatilité d'une cryptomonnaie. À l'heure actuelle, c'est ce dernier point qui empêche d'utiliser les cryptomonnaies au quotidien. Pourquoi je paierai aujourd'hui cette chocolatine 0,000781 ETH (=1,20 euros) alors que demain, ces 0,000781 ETH vaudront peut-être 3 euros !
Le Lugh sera dans un premier temps accessible via la plateforme d'achat de cryptomonnaies française Coinhouse (ex-Maison du Bitcoin, nom que je trouve quand même beaucoup plus stylé, mais on ne m'a pas demandé mon avis, donc j'en profite, vous êtes maintenant informés). Les traders de cryptomonnaies pourront échanger des cryptomonnaies contre du Lugh. Cette "astuce" permet d'éviter d'être imposé sur les transactions. Et avant que vous ne hurliez à l'évasion fiscale, parenthèse imposition des cryptos : les échanges entre cryptomonnaies ne sont pas imposables, c'est lors du passage à une monnaie "FIAT" (euro, dollars...) que vous devrez déclarer votre plus-value. Et pour les petits malins qui voudraient acheter une maison directement en Bitcoin, vous êtes également imposable.
Les stablecoins existent déjà, mais sont en grande majorité adossés au dollar, ce qui fait une variable en plus lorsque vous voulez sortir vos gains, mais êtes en zone Euro (taux euro/dollar). C'est donc une option utile pour les traders.
Mais, en quoi ça me concerne, moi qui ne trade pas les cryptomonnaies, vous dites vous. Eh bien une fois la période test du Lugh avec les "professionnels" passée (entre 1 et 2 ans), ce sera l'ouverture au grand public. Et groupe Casino, c'est principalement de la grande distribution, du retail, pour qui une des grandes problématiques est la fidélisation des clients. Avoir un actif digital adossé à l'euro permet de lancer un programme de fidélité clair, où 1 Lugh = 1 euro. On sait combien on gagne à chaque passage en caisse, et combien on peut donc dépenser. De plus, cet un actif pourrait être utilisé dans de nombreuses enseignes différentes. Je vais régulièrement faire mes courses chez Monoprix. Demain (enfin demain en 2023 après la période de test), je pourrai aller acheter une BD à la Fnac et payer avec mes Lugh accumulés grâce à mes achats de couches. Comme le résume simplement Stéphane Djiane dans l'article des Échos "c'est l'avenir des chèques de restaurant et des cartes-cadeaux". Et ce ne serait qu’un premier pas. Il serait tout à fait possible pour le groupe de lancer des produits financiers (prêt par exemple) avec cet outil.
Le projet a l'air solide : les acteurs dont a su s'entourer groupe Casino ne sont pas d’inconnues startups et le protocole blockchain sur lequel se base l'actif (Tezos) existe depuis quelques années. Le seul challenge sera règlementaire et politique. Le Lugh devra recevoir l'aval de l'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) avant de pouvoir être lancé auprès du grand public (et c'est aussi pour cela que l'on parle d’"actif numérique" et non pas de "cryptomonnaie" pour le Lugh pour l'instant). La BCE pourrait également freiner le projet, ayant il y a quelques jours indiqué vouloir un droit de veto sur tout stablecoin adossé à l'euro.
Pourquoi c'est important : les cryptomonnaies cherchent à faciliter les transactions financières, en les rendant plus efficaces, peu chères et surtout transparentes pour tous les utilisateurs. Mais c'est loin d'être connu par tous ! La faute sans doute à une technologie difficile à comprendre si on ne s'y penche pas sérieusement (la blockchain), une expérience utilisateur compliquée, mais également à un sujet qu'on utilise tous les jours (l'argent) sans forcément se poser la question de ses rouages (même si ça commence, en ces périodes d'argent "gratuit" distribué par les États). J'espère que ce projet Lugh en réveillera d'autres, centrées sur le grand public.
Même si le projet du groupe Casino est une cryptomonnaie « privée » (dans le sens où contrôlée par une seule entreprise, qui j’imagine n’assurera pas une transparence des transactions auprès des utilisateurs finaux ainsi que ses éventuels partenaires commerciaux si leur nom commence par Carre et finit par four), elle a le mérite de mettre en lumière un cas d’usage de cette technologie, et d’en faire parler.
À lire sur Les Echos, le Journal du Net, Les Numériques et le site Lugh.io.
Bonus : mais qui est Lugh/Lug/Lugus ? Dieu principal des Gaulois, vous n'oublierez pas de le fêter dans les premières semaines du mois d'août.
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Rémi